mercredi 29 avril 2015

La horde du Contrevent

"Le hasard est un allié aussi fugitif que mortel. Il te tue avec la même facilité qu’il te sauve."


Quand on m’en a parlé, je me suis dit, ça parait génial. Une fois en main, je me suis jetée dessus pour en ressortir tout aussi tôt. Après plusieurs essais, j’ai enfin accroché pour ne plus le lâcher. Encore aujourd’hui, j’adore le relire mais je sais que les lecteurs peu assidus s’y casseront les dents. Vous voilà prévenus.

Ils étaient vingt-trois, ils formaient la trente-quatrième horde. Leur but, atteindre l’extrême-amont par leurs propres moyens dans un monde ravagé par le vent. Ils devront se battre contre le vent, la pluie et la poursuite, groupe ayant pour but de détruire la Horde. A travers ce voyage, ils découvriront les neufs formes du vent et son origine. Dans cette horde où chacun joue son rôle, tout en essayant de conserver sa personnalité, tous ont les même objectif, être la meilleure, l’unique à atteindre l’extrême-amont.

Alain Damasio est un auteur français. Il écrit peu car chaque roman lui demande trois à quatre ans de travail. Ses romans entre science-fiction et fantasy ne sont pas dénués de philosophie. Il travaille son écriture pour notre plus grand plaisir. La Horde du Contrevent est son second roman.

Amis littéraires, avec ce roman, vous trouverez votre compte. Vingt-trois personnages, vingt trois caractères, histoires bien développées, mais également vingt-trois styles d’écriture différents. A chaque point de vue de personnage, l’écriture change, pour aider à la reconnaissance, un symbole pour chacun. A la fin, plus besoin de symbole, dès la première phrase, on reconnait immédiatement de qui il s’agit. En plus de l’écriture, ce livre nous fait vivre diverses émotions. On pleure, on rit, on tremble, on s’escale. Une lecture ne suffit généralement pas à tout comprendre, à chaque re-lecture, je découvre de nouvelles choses, ce roman possède un vrai coté philosophique. Je regrette toutefois de ne pas connaître la raison d’envoyer à chaque fois une nouvelle horde. Cette aventure reste une vraie richesse littéraire pour l’esprit. Pour ma part, j’ai particulièrement aimé Golgoth, le traceur de la horde avec son style littéraire très direct, parfois grossier. I dit ce qu’il pense sans faire dans la dentelle.
Bref, tout ce que j’aime, un vrai bijou. Je le conseille tout en vous mettant en garde car un bon niveau de lecture est nécessaire ainsi qu’une ouverture d’esprit, une bonne capacité de compréhension pour en savourer toutes les subtilités. Je sais qu’Alain (soyons familier) avait évoqué une suite, en le lisant vous comprendrez pourquoi. Je l’attends mais je connais le soin de l’auteur pour ses écrits donc je sais qu’il me faudra patienter longtemps.



La horde du contrevent, Alain Damasio, La Volte, 2004, 701 pages

Challenge 7 familles: famille Gropavé, le petit-fils
Baby challenge 2015 catégorie science-fiction

Happy science

"Peut-on activer le mode « motivation » du cerveau ?"


Alors que Minori se retrouve avec rien pour vivre, elle rencontre le Professeur Minamoto, chercheur en neurologie. Il lui propose alors d’être son cobaye contre une rémunération. Reconnaissante, elle accepte. Dans son laboratoire, elle fera la connaissance de l’équipe du professeur. Elle subira diverses expériences durant lesquelles elle sera observée pendant tout son quotidien, des repas au sommeil. Elle fera connaissance avec chacun des membres, apprendra leur histoire. Réunis autours d’un même but : trouver ce qui rend les gens heureux, ils vivront d’inoubliables aventures.

Je flânais dans le rayon manga lorsque j’ai été attiré par ce titre. En lisant les titres de chapitre, je me suis dit intéressant. Un manga qui parle de sciences en légèreté mais qui nous offre tout de même des informations sur le cerveau, je l’ai pris. La neurologie est un sujet qui me passionne alors à moi cette belle lecture.

J’ai tout de suite accroché. Le sujet, la neurologie est peu commune. Ici on ne tombe pas dans l’excès c'est-à-dire que les personnages sont également bien traités, ce qui donne un équilibre entre l’humour et la pure science. Les dessins sans être ceux de CLAMP restent agréables à l’œil. Ce qui m’a un peu déçu comme souvent dans les shojos est le caractère un peu niais du personnage principal. La fille reste simple d’esprit du moins au début, A la fin de la série, on voit tout de même une évolution. Le plus de cette série est sa longueur. Elle se termine en trois volumes donc pas trop chère au final et on passe un bon moment à lire car malgré le thème du cerveau, ça reste léger. Alors pour vous occuper cet été, foncez.

Miyuki Yorita est une mangaka née à Hiroshima. Elle est responsable de nombreux shojos. Happy science lui a nécessité une immersion dans un laboratoire de recherches et beaucoup de joie car sans être exceptionnelle en sciences, elle éprouve de l’admiration pour les chercheurs. Dans une autre vie, elle aurait aimé être scientifique.



Happy science, Miyuki Yorita, Soleil manga, 2013

Challenge 7 familles: famille Noroman, la petite-fille

Cosmétique de l'ennemi

"Le risque c’est la vie même. On ne peut risquer que sa vie. Et si on ne la risque pas, on ne vit pas."


On ne la présente plus. Ce monstre de la littérature est belge, elle a marqué l’histoire par es écrits. Critiquée pour des œuvres que l’on définit de « semblables », sa folie se reflète dans ses romans parsemés de génie. Amélie Nothomb publie un roman par an, Cosmétique de l’ennemi est son dixième roman. Avec cet auteur, ça passe ou ça casse, on accroche ou pas. A vous de tester.

J’ai entendu parler de ce roman au club lecture alors qu’une amie le présentait, je me suis dit il faut que je le lise. Je connaissais déjà l’auteur et j’avais adoré. Donc ça m’a conforté dans ma décision, je l’ai ajouté à ma pile à lire, c’est désormais chose faite.

On a tous un ennemi intérieur, celui que l’on refoule et qui se permet de faire ce dont nous fantasmions. C’est ce que va découvrir Jérome Angust dans le hall de l’aéroport alors que son avion est retardé. Après avoir lu ce roman, plus jamais vous n’aborderez les salles d’attente de la même manière.

Fans de narration abandonner l’idée de le lire. Ici tout ou presque est dialogue. C’est très vivant, on pourrait presque l’adapter en pièce de théatre. Que dire d’autre ? C’est du Amélie Nothomb donc on retrouve son style d’écriture caractéristique à double tranchant. L’histoire quand à elle est excellente. L’ennemi intérieur, ça nous concerne tous, chacun en a un. La façon de l’aborder est géniale, sans parler de la fin. En étant attentif, elle reste prévisible mais on se laisse tout de même surprendre par la façon dont elle est amenée. Cosmétique de l’ennemi est vraiment un livre fou, je vous le conseille vivement si vous aimez l’originalité.



Cosmétique de l’ennemi, Amélie Nothomb, Albin Michel, 2001, 122 pages

lundi 27 avril 2015

Minuit

"Le désir se fiche complètement de la bienséance."


Les éditions Milady furent une grande découverte pour moi. J’aimais leur fantasy moderne, urbaine avec il ne faut pas se voiler la face assez de sexe. J’en ai lu quelques uns, parmi eux Minuit. Aujourd’hui j’ai un peu ralentit et délaissé ces éditions où je ne trouve plus ce que je recherche c'est-à-dire un bon scénario, de bons personnages, un peu plus de philosophie mais surtout un style d’écriture. Ce qui est dommage car niveau amour, j’étais servie.

Ils combattent la soif Sanguinaire et les renégats. L’ordre est composé de puissants vampires qui ne reculent devant rien. A leur coté se tiennent leurs fidèles compagnes de sang. Humaines particulières, leur sang permet au vampire choisit de se nourrir en diminuant les risques de basculer dans la soif sanguinaire. Souvent dotées de capacités extraordinaires, leur présence est un atout pour la lutte contre les renégats qui veulent réveiller les anciens et créer un bain de sang.

Lara Adrian est un auteur américaine également connue sous le pseudonyme de Tina St-John sous lequel elle a publié six livres. Elle occupe des emplois administratifs qui lui permettent d’avoir suffisamment de temps pour écrire.

A l’époque où je l’ai lu, j’ai adoré. Parce que j’attendais de l’amour et de la passion, j’ai été servie. Puis en le relisant plus tard, j’ai déchanté. Le scénario prometteur avance peu, à chaque livre se déroule la même histoire. Les deux protagonistes, l’humaine et le vampire finissent en peu de temps ensemble. Autant dire que c’est la relation entre eux qui est mise en avant. Le scénario est juste un alibi pour continuer à écrire des romances sans trop se casser la tête en permettant de garder le même univers. L’écriture est tout ce qu’il y a de plus banal, ce qui devient récurant dans la catégorie bit-lit des éditions Milady.


Minuit, Lara Adrian, Milady, 2011

Baby challenge 2015 catégorie bit-lit
ABC challenge 2015


dimanche 26 avril 2015

Captive

"Il faut toujours connaître son ennemi."


Elizabeth Vaughan est un auteur américaine qui aime la science-fiction et le fantasy. Juriste de profession, L’épopée de Xyalara est sa première série. Composée de quatre livres dont les trois premiers ont été traduits en français, le quatrième reprend l’univers mais Lara cède sa place de personnage principal à son ami d’enfance Heart.

C’est une stagiaire en libraire qui me l’a conseillé, elle me l’a tellement bien résumé que je n’avais qu’une envie : l’acheter. Romance, héroïc-fantasy, tout ce que j’aimais. Une fois en main, je l’ai dévoré. J’étais chez mes grands-parents et vu que les seules occupations là-haut sont la télévision et la marche, j’ai pu m’isoler et lire tranquillement. Exceptionnellement, j’ai passé un superbe séjour. J’espère vous donnez autant envie de le lire qu’elle.

Lara demi-sœur du roi est guérisseuse. Pour ramener a paix dans sa contrée, elle se sacrifie et devient la captive du terrible Seigneur de guerre Keir. Monnayée contre la cessation de la guerre, elle doit partir avec Keir dans sa tribu. D’horribles légendes courent sur ces hommes des plaines que l’on dit sans manières, rustres et dangereux. Avec eux, Lara découvrira une autre culture et peut être même l’amour. La paix relative semble toutefois compromise lorsque de fâcheux événements surviennent. Trahison ou rébellion ? L’ennemi est partout.

Le livre est très intéressant et ce par plusieurs points. Le scénario est bien ficelé, on ne s’ennui pas. La romance est bien présente sans tomber dans l’excès ou le mièvre. Les personnages ont un caractère surtout Lara qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, c’est son point fort. La culture du peuple de Lara est assez classique, c’est celle que l’on peut trouver au moyen-âge tandis que celle des hommes des plaines est orthodoxe, surprenante, on la découvre tout au long de l’épopée. L’écriture est simple, il ne faut pas s’attendre à un style développé mais il reste fluide. La fin de la série est un peu décevante, elle n’est pas achevée. Beaucoup trop de points sont inexplorés, tout comme l’avenir de certains personnages. La situation de Lara et Keir quand à elle laisse présumer une suite.
Si une suite apparait, je me jetterais dessus. En attendant, je patiente avec tout de même peu d’espoir.



Captive, L’épopée de Xylara, Elizabeth Vaughan, J’ai lu, 2005

Baby challenge 2015 catégorie fantasy


La conjuration primitive

"La violence. C’est comme une escarre, vous savez. Une fois que ça s’est installé sur vous, ça ne cesse de vous ronger."


On ne le présente plus, auteur français reconnu pour ces romans policiers aux descriptions réalistes et sanglantes, il réalise des romans sombres et sanglants. Je parle bien évidemment de Maxime Chattam. Avant d’être romancier, il a suivit des études de criminologies et de lettres modernes puis a été employé à la fnac au rayon roman policier, dès lors, son destin fut tracé. Après de nombreux livres avec parmi eux quatre séries, La conjuration primitive est son dix-huitième roman.

Le mal envahit la France. Des meurtres violents, terrifiants. Puis comme une épidémie, ils se propagent pour toucher toute l’Europe. Leur lien ? Le symbole du mal *e, présent sur toutes les scènes de crime. La police est dépassée, les indices ne mènent nulle part, tout est différent hormis ce symbole. Il les mènera de Paris à Québec pour un final époustouflant.

Autant dire, les romans policiers ne sont pas ma tasse de thé, mais là j’ai été bluffée. Mieux qu’une série policière américaine, l’auteur nous tient en haleine. Il est impossible de deviner ce qui va suivre, plus d’une fois j’ai été surprise par les événements. Quand au dénouement, dire que je ne m’y attendais pas est faible. Jamais je n’ai été aussi prise de court, c’était simplement et purement inimaginable. Dans les policiers, le plus important est de ne pas savoir ce qui va se passer en avance, ici pari tenu et fièrement réussit. Pour tous les fans de thriller, Maxime Chattam est une valeur sure, il nous le démontre une fois de plus.

J’ai prit ce livre un peu au hasard attirée par le nom de l’auteur. J’avais adoré la série Autre-monde et je me suis dit pourquoi ne pas lire autre chose de cet auteur. C’est comme ça qu’il a atterrit dans mes mains. Quelques jours après l’avoir finit, mon père n’avait plus rien à lire, habitué aux Agatha Christie, je lui ai proposé La conjuration primitive. C’est du policier certes différent mais pourquoi ne pas changer un peu ? Son compte-rendu a été « c’est gore mais ça change et il y a vraiment du suspens ». Traduction, j’ai bien aimé mais rien ne pourra battre Hercule Poirot. Je suis plutôt fière d’avoir réussit à lui trouver une autre lecture plaisante et ce n’était pas gagné d’avance.



La conjuration primitive, Maxime Chattam, Albin Michel, 2013

Demain une oasis

"Je ne veux pas refaire l’univers, je veux juste que tout le monde y vive."


Après La bohème et l’Ivraie et Mytale, Ayerdhal signe son troisième roman de science-fiction. Bien que Demain, une oasis soit davantage un roman d’anticipation, que de science-fiction pure, l’auteur ne dévie pas de sa ligne de conduite et nous livre une fois de plus un récit engagé.

J’ai connu Ayerdhal avec Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé, immédiatement, je suis tombée sous le charme de son écriture, de la force de son roman. Peu à peu, j’en ai lu d’autres mais à chaque fois, j’en ressortais avec la même déception. Les idées, la force du récit étaient toujours présentes mais son écriture avait perdue de sa magie. Pourtant, Demain, une oasis a réussit à me réconcilier avec ce grand auteur français.

Auparavant il avait un prénom. Aujourd’hui il est l’Interne. Alors que l’industrie spatiale prospère, se développant chaque jour davantage, l’Interne travaille pour l’OMS à Genève. Enfin ça c’était avant, avant son kidnapping. Lorsqu’il se réveille, son monde se retrouve bouleversé. Le voilà forcé et contraint d’aider un groupe, pour le moins hétéroclite. Leur mission sauver la population d’Afrique ou plutôt l’aider à survivre. L’Interne comprend que la flambée spatiale s’est faite aux dépends du tiers qui désormais se retrouve abandonné par égoïsme des puissants. Mais n’est-ce pas également de l’égoïsme que d’enlever, voler et détourner même pour aider des populations démunies ?

L’auteur fait une fois de plus preuve de talent en adaptant parfaitement son langage au genre littéraire. Ici, tout est plus que réel, rude voir cruel, il ne s’embête pas avec de jolies figures de style. Non, tout est direct et touche au plus profond le lecteur. Sans parler qu’Ayerdhal est peut être l’un des seuls pour qui la narration à la première personne du singulier est plus réussite que celle à la troisième personne. Peu de sentimentalisme mais on sent un lien fort unissant les personnages même s’il est peu développé. L’histoire met l’accent sur les valeurs de la morale, de l’égoïsme et sur les enjeux planétaires. Il dénonce l’indifférence des sociétés occidentales face à la misère et détresse du tiers monde. Un roman qui se lit facilement et bien qu’il donne matière à réfléchir, je suis sortie encore sur ma faim. Les émotions auraient mérité d’être plus développées et la langue un peu plus travaillée.



Demain, une oasis, Ayerdhal, Au diable vauvert, réédition 2006

vendredi 17 avril 2015

Calpurnia


"J’ai toujours pensé que je n’étais pas comme les autres filles. Je n’appartenais pas à leur espèce. J’étais différente. Je n’avais jamais pensé que mon avenir serait le même que le leur. Mais à présent je comprenais que je m’étais trompée, et que j’étais exactement comme les autres filles. J’étais censée consacrer ma vie à une maison, un mari, des enfants. Il était prévu que j’abandonne mes études d’histoire naturelle, mon carnet, ma rivière bien-aimée."


L’été était là, les résultats du bac venaient de tomber, les vacances s’annonçaient. Pour fêter ça, une petite visite à ma librairie préférée s’imposait. Je recherchais quelque chose de rafraichissant, sans prise de tête, de quoi décompresser. Je suis ressortit avec trois livres, qui finalement sont restés dans un coin de ma chambre, jusqu’en août. Début des cours, le 18 août, seule dans une nouvelle ville, autant dire dur. Il faisait beau et je devais apprendre par cœur des pages d’anatomie tandis que tous mes amis étaient encore au soleil. C’est à ce moment là que j’ai prit la pile que j’avais mise de coté. Le premier des trois que j’ai lu, fut Calpurnia (et pour tout dire, nous sommes en avril et je n’ai toujours pas finit les deux autres).

Jacquelline Kelly est une voyageuse, après être née en Nouvelle-Zélande, elle part vivre à Vancouver avant de s’installer au Texas. Elle a exercé de nombreuses années la médecine avant de reprendre des études de droit. Nous retrouvons dans ses romans son savoir distribué par brides. Calpurnia est son premier livre.

Texas, été 1899, Calpurnia petite fille de onze ans vit avec ses nombreux frères, ses parents, son excentrique grand-père et leur bonne. Loin d’être passionnée par tous les activités que devraient pratiquer les jeunes filles de bonne famille, elle préfère rester dehors et observer ce qui l’entoure. Consciencieusement, elle note tout ce qu’elle voit dans son carnet. Le crochet, la couture et la musique l’ennuient au grand désarroi de sa mère. Plus tard, elle sera scientifique. Pour cela, elle ira rechercher des conseils auprès de son grand-père, à eux deux, ils vont de découvertes en découvertes.

Un hymne à la nature, à la découverte, une invitation à la recherche scientifique. De quoi donner envie de se mettre à plat ventre dans votre jardin, loupe à la main et regarder la vie sous vos yeux. La traductrice a fait un très bon travail en transposant à merveille les mots de l’auteur, pour un résultat fluide et efficace. Le scénario n’est pas le point fort de ce livre, il s’agit ici davantage de tranches de vie. De multiples personnages dont certains plus travaillés que d’autres. Ceux qui m’ont le plus marqués sont Calpurnia, sa mère, son grand-père et son grand-frère.
 Amoureux de sciences ou simples curieux, vous y trouverez votre compte. Ce roman m’a fait l’effet d’une limonade fraiche en pleine canicule.



Calpurnia, Jaquelline Kelly, L’école des loisirs, 2013

Participe au challenge 7 familles: famille Colorlemonde (jaune) la petite-fille



samedi 11 avril 2015

Parleur ou les chroniques d'un rêve enclavé

"Je mourrais jeune parce que je dis aujourd’hui ce que le monde découvrira demain. Si l’on y réfléchit, ce n’est pas pire qu’atteindre l’âge des vieillards avec la certitude que le monde ne changera pas, mais c’est rageant."



Parfois, il y a cette paire de chaussures qui attire l’œil ou encore ce pantalon aux couleurs criardes. D’autres fois, ce sont tout simplement des mots qui retiennent l’attention. Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé, un titre, une histoire. Quelques mots glissés par des amis résonnaient en moi comme une promesse délicieuse. Promesse qui s’est rapidement transformé en épopée pour me procurer le livre. Bien évidemment, le livre n’était plus édité donc impossible de l’acheter en librairie et il ne faisait pas partit des réserves de la médiathèque. J’ai du me résoudre à l’acheter d’occasion sur Internet. Après une semaine d’attente, le voici dans ma boite aux lettres, la couverture quelque peu défraichie, il entamait une seconde vie dans mes mains. Pour petite anecdote, le roman que je tenais n’avait qu’un an de moins que moi, quand j’ai vu ça j’ai trouvé ça drôle (oui je sais, je suis un peu folle).

Après nous avoir livré neuf romans de science-fiction engagés, Ayerdhal, auteur français publie une fantasy sociopolitique de haut-vol. Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé reste pour moi le point d’orgue de ses œuvres. Autant ce livre séduit par la profondeur des personnages que par les enjeux soulevés mais son atout reste la langue.

Dans une ère féodale, sur la colline, un petit village s’organise. Le grand froid approche, l’hiver s’annonce rude, pourtant, loin de s’en soucier, les nobles augmentent les impôts. Guidés par Parleur, les villageois s’enclavent, coupés du monde, ils subviendront à leurs besoins par eux-mêmes, ensemble, ils survivront à l’hiver ou périront. Une telle rébellion contre les dirigeants ne restera pas inaperçue aux yeux du monde, mais même si elle doit être punie, leur histoire se répandra de village en village.

Chaque personnage qui compose le groupe hétéroclite est abordé en profondeur. Leurs différences apportent la variété et la richesse du récit. La narration interne se fait du point de vue de Vini, l’épistolaire du village, nous rend plus près de l’action. Pour ne rien ternir, la langue dans laquelle s’écrit l’utopie se sublime à elle-même sans tomber dans la lourdeur ou l’excès. On se laisse porter par ce livre remplit d’émotions qui laisse à réfléchir. C’est un carton plein pour Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé d’Ayerdhal. Après avoir vidé un paquet de mouchoirs, je suis ressortie de l’histoire pensive, tellement le roman était fort et que je me suis laissée prendre aux tripes.


Parleur ou les chroniques d’un rêve enclavé, Ayerdhal, J’ai lu, 1997

jeudi 9 avril 2015

Genesis

"La seule chose qui lie les individus entre eux, ce sont les idées. Les idées mutent et se propagent. Elles changent de détenteur autant que les détenteurs changent d’idées."



L’apparence influence toujours notre première impression, il faut parfois savoir aller au-delà, au risque sinon de passer à coté de quelque chose d’extraordinaire. C’est ce qui a faillit m’arriver avec Genesis car on ne peut pas dire que la couverture soir attirante. L’effet argenté aux reflets arc-en-ciel tape dans l’œil mais la mosaïque de têtes d’orang-outan fait presque peur. J’ai tout de même acheté ce livre après que ma libraire l’ait si bien défendue. Autant dire que je n’en suis pas déçue. Morale, toujours écouter sa libraire.

Anax a cinq heures pour convaincre le jury. Son sujet, la vie d’Adam Forde. Né alors que le monde a été ravagé par la Grande Peste, il grandit dans une communauté réglée et encadrée. Très vite, ses émotions prennent le dessus sur sa raison. Une erreur le condamne à l’emprisonnement, sa seule compagnie : Art, un androïde à intelligence artificielle. Au fil de leurs conversations, leurs ressemblances se manifestent. Une question revient sans cesse, qu’est-ce que l’intelligence ? Qu’est-ce qu’est l’esprit ? Plus l’histoire avance, plus le piège se referme sur Anax. Jusqu’au final, stupéfiant.

Genesis est le neuvième roman de Bernard Beckett. Professeur à l’université, il enseigne les mathématiques, l’anglais et le théâtre. Cet auteur néo-zélandais cible un public de jeunes adultes. Il a eu l’idée de ce livre alors qu’il travaillait sur la mutation de l’ADN.

Deux histoires en une, deux histoires à deux moment de l’Histoire. Deux mondes différents. Ce livre est très riche. On se laisse prendre par la vie d’Adam et la situation d’Anax ressemble à toutes celles que nous avons pu vivre lors de n’importe quel examen oral. Le livre soulève rapidement une question qui nous est fondamentale, serions nous prêt à laisser libre cours à nos sentiments sachant qu’ils pourraient détruire une population entière ? Ou encore qu’est-ce qui définit l’esprit, l’intelligence ? De la philosophie au cœur de la science-fiction. L’écriture fluide nous porte sans accrocs. Pour terminer sur une touche surprenante qui change définitivement notre vision. Conseil, ne lisez pas la fin en avance ou l’effet de surprise ne serait pas le même.
Je n’ai jamais été si surprise par le dénouement d’un roman alors autant dire que c’est un très bon point pour lui.


Genesis, Bernard Beckett, Gallimard jeunesse, 2009